• Lundi était peut être ma toute dernière garde aux urgences en tant qu'externe, ce qui fut un grand soulagement. J'aurais pu avoir l'air un peu nostalgique, mais non, ces chères urgences ne me manqueront pas.

    J'ai été particulièrement gâtée cette fois encore.

    J'arrive donc à midi avec ma coexterne aussi enthousiaste que moi. Je jauge rapidement la situation : pas de brancard encombrant le couloir, plutôt bon signe. Cette fois, il n'y avait pas son nom sur le tableau. Déçue, j'ai embarqué une 4ème année ( qui faisait sa première garde ) pour aller voir un premier patient. Monsieur A, patient âgé et dément, qui venait pour une altération de l'état général. Après avoir attendu une heure que l'infirmier ait réussi à le piquer (impiquable!), nous l'examinons. Un vrai bouquin de sémiologie à lui tout seul. J'essaie d'être un peu pédagogue avec ma jeune collègue et lui montre le reflux hépatojugulaire, les crépitants et le magnifique globe urinaire. Un vrai ballon à la place de la vessie chez un patient sondé. C'était bizarre. En fait, ses urines étaient tellement purrulentes qu'elles avaient bouché la sonde.

    2 ème patient : bilan ictère. ( trop cool!!! De l'hépato!!!!!!). Nous nous retrouvons donc face à un patient de 92 ans complètement sourd avec un ictère cutanéomuqueux de malade. ( le patient était tout jaune ) L'interrogatoire fut assez houleu car il fallait qu'on lui écrive toutes nos questions pour espérer avoir une réponse. Je me suis souvenue de mes négligences et de mes oublis de la dernière fois et j'ai essayé de faire l'interrogatoire à la manière de M. J'ai tout cherché. Il avait déjà été cholécystectomisé ce qui éliminait déjà pas mal d'hypothèses. Je penchais pour la cholestase extrahépatique secondaire à une compression de la voie biliaire principale par une tumeur pancréatique. J'étais très fière de mon observ. Tout y était et j'avais aussi précisé mes hypothèses dg et les examens complémentaires que je ferais. Au final il a eu une écho et un scanner et on a trouvé sur le scanner un cholangiocarcinome ( cancer des voies biliaires).A noté que je me suis retrouvée de nouveau avec ce patient vers 2h du mat pour lui suturer une plaie de l'arcade sourcilière parce qu'il avait voulu se lever et était tombé de son lit.

    Après avoir vu ces deux patients, j'ai laissé ma jeune collègue voler de ses propres ailes.

    J'ai enchainé les patients dont une qui m'a marqué.

    Une femme âgée de 46 ans qui venait pour des douleurs épigastriques avec une irradiation thoracique ascendante. Pas d' ATCDS cardio personnels ni familiaux. Pas de facteurs de risque cardiovasculaire. Je lui fais quand même son ECG qui est strictement normal. Elle était connue pour une hernie hiatale. Je cherche des signes d'ulcère, de reflux gastro-oesophagien, de pancréatite, de pathologies lithiasiques, de pathologies gynéco. L'auscultation pulmonaire était normale. Il  n'y avait rien à se mettre sous la dent. Son médecin généraliste retrouvait un souffle d'insuffisance aortique protodiastolique que je n'ai pas entendu. ( le chef non plus ne l'a pas retrouvé ). Il pensait à une dissection aortique. Il n'y avait vraiment aucun arguments pour ça ( pas d'abolition des pouls fémoraux, pas de signes de choc, pas d'assymétrie tensionnelle aux membres sup ). Comme on avait rien à la bio et à la radio, le chef décide de faire un angioscanner. Il m'a dit qu'il l'aurait pas fait si le médecin traitant n'avait pas écrit dans sa lettre 'élimination d'une Dissection aortique'. On a bien fait, car ils ont retrouvé un joli thrombus dans l'artère pulmonaire. Une embolie pulmonaire quoi. Comme quoi, la médecine c'est vraiment pas une science exacte!

    Plus tard dans la soirée, je pensais avoir peut être diagnostiquée une péricardite. Après être montée en cardio pour avoir mon avis sur l'ECG, je suis repartie déçue et limite vexée. En fait ça avait pas du tout l'aspect d'une péricardite. Heureusement l'interne méchant de cardio était de super humeur.

    J'ai aussi vu un erysipèle, des troubles neuros chez un alcoolique, un hématome sous dural, une leucémie aigue myéloide, chorée de hungtinton, des bilans de chutes à répétition et des tas de douleurs abdo.

    Au final cette garde était interessante. C'est plutôt avec nos collègues coexternes que c'était tendu. On était quand même quatre 6ème année dont 3 au long. Certes il y a eu énormément de patient mais on aurait très bien pu s'en sortir sans problème si tout le monde avait fait son boulot. Même les internes et les chefs ont cru qu'on était que deux au long. Bref c'était pesant de gérer le circuit long à deux. On s'est couché à 5h finalement.

     


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  • Au menu des réjouissances de cette 6 ème année (je peux enfin officiellement le dire): collection automne-hiver : MSA (médecine de suite aigue pour les intimes), censée être mon stage planque.(je suis la première à me plaindre quand je m'ennuie en stage, mais cette année j'ai vraiment autre chose à penser). Pour la collection printemps-été : Polyclinique (stage plus prenant et interessant pour l'ENC puisqu'on y voit de tout)

    En plus de ces stages les matins, moi et ma coexterne (sous colleuse) adorée on se retrouve 3 fois par semaine pour la "sous-colle " : le Lundi soir (19H30-22H30), Mercredi soir (19H30-22H30) et le Vendredi soir (18H-21H).

    Les après midis seront réservés au travail perso ( 345 items à revoir et maîtriser c'est long...)

    Et pour pas s'ennuyer le week end... conférences le dimanche aprem de 15H30 à 18H30.

    Aujourd'hui, après un séminaire interminable et mal organisé de 3 jours sur la prise en charge de la douleur et des soins palliatifs, je retrouve mes co-externes au 2 ème étage du petit hôpital en MSA. Nous sommes accueillis assez chaleureusement. Présentation du service, missions de l'externe etc...

    Je commence donc dans l'aile A (polypathologies) avec ma sous-colleuse et une autre co-externe. J'ai été absolument ravie de 'subir' une visite interminable et retrouver les principales fonctions de l'externe déjà décrites précedemment : ECG, Ranger les bios, et faire la lithiase (obstable encombrant) dans le couloir. Pas d'observations à faire dans ce stage. Heureusement la FFI (faisant fonction interne) est sympa. Je sens que je vais vraiment m'ennuyer. Le point positif c'est que je suis sortie tôt (midi) donc temps pour bosser l'aprêm.

    Je suis de garde lundi, avec des 4èmes années à désillusionner en douceur.

     


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  • C'était ma dernière garde de l'été et j'y allais de façon désinvolte, fatiguée de toutes les gardes enchaînées au cours de ces 3 mois, d'autant plus que les deux dernières ne s'étaient pas vraiment bien passées. ( patients énervés d'attendre et de ce fait très agressifs )

    Je suis allée devant le grand tableau blanc pour m'informer des réjouissances et  j'espérais vraiment qu'il serait là. Je suis restée collée bêtement devant ce tableau pour m'assurer que je ne me trompais pas. Son nom était marqué noir sur blanc ce qui éclaira d'un coup mon air las et nonchalant. Parfois j'ai vraiment de la chance !  J'affichais donc un visage radieux avec un air enjoué, limite niais pour le restant de la garde. Avec la certitude que ce soir il sera là, je n'ai pas vu filer l'après midi. Les urgences étaient calmes.  Une interne est venue me voir en me disant " c'est toi J.? " J'approuve. Elle me dit que mon observ' était très bien. J'étais contente. Les compliments sont toujours bons à prendre dans ces études où la reconnaissance est rare.

    J'ai pris un autre patient : Monsieur Y : Motif d'hospi : " Vomissements" chez un patient âgé de 91 ans. Je lis la lettre du médecin. En gros le patient présentait des vomissements depuis dimanche soulagés par le jeûne dans un contexte de cholestase ictérique. Pendant que je lisais cette lettre, le chef des urgences de l'aprêm vient vite fait examiner le patient. Il me certifie la présence d'ascite en me montrant qu'il y a une matité déclive. Je ne peux qu'approuver. Il ausculte ensuite  les poumons et pour ne pas embêter le patient une nouvelle fois, je lui demande ce qu'il a entendu. Il me répond " rien de particulier". J'écris donc : auscultation pulmonaire normale. J'ai pas été très fine. J'aurais du vérifier et ne croire que ce que moi j'entendais surtout que sur cette observ' je savais pertinemment que je serais attendue au tournant.

    18h, heure de la relève et des transmissions. M. est là et je sais qu'à ce moment là ma garde va enfin avoir un peu d'intérêt.

    Il m'appelle pour aller voir Monsieur Y, patient très sympathique et très bavard. Je l'observe admirative interroger le patient. Je suis fascinée comme à chaque fois et honteuse, je me rends compte de mes oublis et autres négligences. Il les questionne parfaitement, les laisse parler quand il faut, les coupe quand ils s'emballent. Toujours avec cette voix grave et rassurante. J'écoute et j'apprends.

    Après avoir examiner le patient, M. me dit qu'on va regarder mon observ'. J'approuve et je baisse les yeux sachant qu'elle est mauvaise et qu'elle le décevra. Il lit mes phrases une à une en ne laissant rien passer et me pose des questions. Je suis rouge, j'ai les mains moites et j'ai honte de ne pas avoir été à la hauteur sur ce coup. Je voulais qu'il soit fier, j'ai été minable. Histoire de m'enfoncer un peu plus, dévoilant le vide sidéral de mes connaissances, il m'a demandé à quelle classe d'antidiabétiques oraux appartenaient le glucor et le novonorm. J'en savais strictement rien. J'aurai pu la jouer au bluff et broder avec 2 ou 3 souvenirs mais j'ai tout simplement dit que je ne savais pas. Il m'a dit assez sèchement qu'il faudrait que je regarde dans le vidal après.  J'ai acquiescé avec mon air désolé ressemblant à une petite fille qui avait mal appris sa leçon devant son professeur.

    J'étais vraiment mal à l'aise et mes joues écarlates me trahissaient.

    Il me demandait pleins de trucs ( certes pour mon bien ) hypothèses dg, exams complémentaires etc... A chaque fois je répondais timidement écrasée par le doute et l'incertitude.

    On fera finalement une écho. Je monte chercher l'échographe dans le service de gastro. Il voulait que je commence seule. [moi pas savoir faire une écho] J'ai dit que je préférais qu'on le fasse ensemble. Il m'a tout montré. Le foie, le hile, le pancréas ( qu'on voyait pas ) , la vésicule, les reins, les jolis cônes d'ombre que formaient les côtes. On a passé une longue heure à regarder dans les entrailles du patient ( qui était très content qu'on s'occupe de lui). J'ai eu encore droit à quelques questions mais je crois m'en être pas trop mal tirée.

    Pendant qu'il reprenait mon observ' désastreuse, il m'a laissé faire de l'échographie. J'étais trop contente. Je tenais la sonde d'écho avec hésitation mais j'étais très fière de visualiser à mon tour les différents organes. M. m'a demandé de retrouver la rate et les kystes rénaux et de les mesurer. 2 heures après j'ai trouvé la rate. ( toute fière )

    Je suis remontée en gastro pour rammener l'échographe. Evidemment il a fallu que je rencontre C. La redescente aux urgences fut douloureuse.

    Plus tard dans la soirée j'ai encore fait une écho, mais  avec le chef de clinique de pneumo cette fois. La situation était beaucoup moins stressante. Lui se contentait de me montrer le liquide pleural sans me bombarder de questions et en même temps, j'avais rien à lui prouver.

    On s'est couché pas tard.

    C'était une garde stressante mais j'en suis très contente.

     


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  • L'été se termine, me balançant sans ménagement dans l'arène. Sans armes et sans entrainement. La peur au ventre et au milieu de tout ceux que j'enviais en première année. Je ne savais pas. Je leur imaginais la vie douce et sucrée. Peut être même un peu dissolue.  Rien ne pouvait être pire que LE concours. J'étais bien naive, tout comme je continue à l'être en rêvant à ma future vie d'interne. Dans un an seulement, les choses auront un autre goût.

    J'espère qu'ils seront fiers de moi. Je veux qu'ils le soient. Je veux me galvaniser d'une satisfaction sans faille.

    Pourtant les questions et les doutes fusent. Me revoilà devenue comme il y a 6 ans une vulgaire passagère de train. Un train dévalant les rails à toute vitesse. Un seul ticket en poche pour réussir.

     


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  • Tout semble incohérent.

    La pluie s'est emparée de la ville, coupée par un vent glacé, rendant sinistre ce mois de juillet. Après tout ce n'est qu'un été. Un été volé. Par la météo, par les cas cliniques et les items qui défilent. C'est rien dans une vie. Deux petits mois, à rêvasser le stylo à la main à des destinations lointaines, et à une hypothétique liberté. Une épine. Un syndrome irritatif comme ils diraient en MPR.

    Ce qu'il faut se dire avant tout.. On va travailler pour être un bon médecin. Pas pour ce concours débile.

     


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